MUXXE : Nouvelles mesures sanitaires et accessibilité du musée, quelle friction pour la médiation ?

Marie Coirié : Le port du masque [au musée] est source de malentendus dans les communications. On enlève des indices pour décoder les messages, notamment pour les personnes qui ont des troubles autistiques. Il faut oser poser la question du bénéfice/risque : être dans une société moins inclusive, quelles conséquences ça a ?

MUXXE : Comment se débrouiller avec les contraintes sanitaires et leur incidence sur les conditions d’accueil ?

Marie Coirié :  Lentement mais sûrement, il y a une évolution de nos normes, avec plus d’hygiénisme. Ca nous a éveillés à des risques qu’on n’avait pas en tête en Occident : il faut prendre cette réalité au sérieux, considérer les possibilités d’innovation et le faire impérativement sur le long terme. Ce ne sont pas des changements radicaux mais progressifs qui concernent la vie urbaine, la vie collective, le quotidien. Un exemple : pour le futur pôle neurosciences de l’hôpital Sainte-Anne, on travaille à désenclaver la salle d’attente en tenant compte des différents usages de l’attente. Aujourd’hui, les équipes d’architectes sont encore plus à l’écoute pour opérationnaliser ces contraintes et on progresse vraiment vers plus d’hospitalité dans ces espaces

MUXXE : Un bonus ?

Marie Coirié :  Je recommande l’ouvrage du Centre canadien d’architecture : En imparfaite santé : La médicalisation de l’architecture (source https://www.cca.qc.ca/fr/evenements/34435/en-imparfaite-sante-la-medicalisation-de-larchitecture). Il montre comment les ERP [Etablissement recevant du public) sont en train de se convertir aux normes d’hygiène, avec une architecture active qui promeut l’activité physique dans les bâtiments, par exemple avec le retour des escaliers monumentaux. Ces nouvelles normes de construction sont déjà une réalité au Canada, en Scandinavie, en Asie.