Qui visite un grand musée comme le Louvre compte son temps, presse le pas. Pas seulement, pas tout le temps. Situé dans l’aile Denon du musée, le nouvel espace dédié à la découverte de la sculpture* échappe-t-il à la règle du pas pressé ? 

Dans cet espace relativement exigu, quinze dispositifs offrent une découverte complète de l’univers de la sculpture : types de matériaux, techniques et outils mais aussi fonctions des œuvres sculptées. Le parcours est riche (moulages à toucher, contenus vidéo, témoignages audio) et pensé comme une alternative au mode classique de découverte de la sculpture : l’observation.

Légende : l’espace varie les propositions sensorielles (observation, lecture, écoute, visionnage, exploration tactile, manipes) de découverte de la sculpture.

Des visites brèves mais intenses

Les visites observées quelques mois après l’ouverture** sont brèves – de une à 31 minutes pour les groupes observés, plus de 10 minutes en moyenne – mais intenses. Intenses pour deux raisons majeures : les actions réalisées par les visiteurs retiennent leur attention et provoquent des émotions ; les dispositifs suscitent des interactions, y compris avec le musée en discutant des contenus délivrés.

Intenses pour deux raisons majeures : les actions réalisées par les visiteurs retiennent leur attention et provoquent des émotions ; les dispositifs suscitent des interactions, y compris avec le musée en discutant des contenus délivrés.

Une alternance de concentration et d’interactions 

L’attention est soutenue, par le jeu ou l’apprentissage selon les profils de visite ; elle l’est en particulier dans l’écoute des dispositifs audio ou vidéo pour lesquels la concentration est maximale (21/ 50 personnes concentrées, cf. la datavisualisation). 

L’observation du placement du corps permet de noter que si les visiteurs adoptent parfois une posture droite notamment devant des contenus vidéo (visites 1, 8, 30), le corps est en mouvement. Les visiteurs se plient, se baissent ou se rapprochent pour regarder les sculptures (visites 16 et 17) ou les vidéos (visite 26) ; un petit garçon mime les gestes du sculpteur en suivant l’animation dédiée (visite 29).

Un autre rapport à la sculpture

Il semble dès lors que certains visiteurs apprécient la proximité avec le sujet de la sculpture (par exemple, le témoignage d’un sculpteur expliquant sa façon de travailler la matière), la possibilité de toucher les matières ou d’explorer le contenu à deux… Près d’un dispositif audio, deux visiteurs découvrent l’histoire à tour de rôle car il n’y a qu’un casque. Pas si pressés.